Thé chinois, culture chinoise avec Arnaud Bachelin

J’ai eu le plaisir d’avoir des discussions sur la Chine avec Arnaud Bachelin, expert en thé et fondateur de Thé-ritoires, un salon de thé sur Paris. J’en ai profité pour réaliser un entretien très riche, dans lequel Arnaud vous livre ses meilleurs conseils pour choisir le thé chinois et travailler avec la Chine.

————————————

Arnaud : J’aime le thé depuis tout petit, je dois avoir 6 ou 7 ans quand je me montre très intrigué par le principe de l’infusion et donc très vite comme je n’aime pas le lait, j’aime boire du thé et des tisanes. Ensuite en grandissant j’ai découvert un peu plus les différentes origines de thé et produits, puis je me suis intéressé, comme j’aimais beaucoup l’histoire, je me suis intéressé par son histoire et très vite j’ai décidé que sa devait devenir mon métier.

Grace : Il existe tellement variétés de thé, peux-tu nous parler des différentes variétés de thé ?

Arnaud : Il faut savoir que chez Thé-ritoires, on est une maison qu’il se veut assez classique, classique tournée sur la tradition chinoise. Donc j’ai décidé de respecter les familles de thé à la chinoise. C’est ce qu’il fait, par exemple le thé, nous on connait très bien en Occident, qui est le thé noir, mais en fait c’est un thé rouge. Puisque chez les Chinois, dans la tradition le thé noir est un thé rouge. Donc vous allez avoir les thés blancs, vous allez avoir les thés noirs, les thés verts, les thés jaunes, les thés bleus avec les oolong et puis les thés sombres avec les Puer.

Grace : J’adore le thé, je le bois tout le temps, je sais que le thé est très bon pour la santé. À ton avis, quels sont les bienfaits que le thé peut nous apporter ?

Arnaud : Alors la chose la plus importante et la plus positive c’est que le thé vous permet de vous hydrater. Après il faudra juste faire attention à une chose, il faudra faire attention à bien varier les thés que vous allez boire de façon à créer de carence. Si par exemple vous avez l’habitude de prendre trois thés dans la journée, privilégiez de boire trois thés différents et essayez d’inverser le moment de la journée dans lequel vous le buvez, en faisant toujours attention aussi à la théine. Evidemment n’allez pas prendre un thé vert très vitaminé et plein de théine en fin de journée, sinon vous risquez d’avoir la nuit un peu légère.

Grace : Donc il faut mélanger les thés, il ne faut pas boire un seul thé dans la journée.

Arnaud : Non, c’est en buvant qu’un seul type de thé tous les jours, toute l’année, vous risquez de vous créer des carences. Notamment avec le fer si vous buvez beaucoup de thés.

Grace : Je sais que pour trouver du bon thé, tu es parti en Chine.

Arnaud : Oui, très vite en fait j’ai découvert le thé chinois un peu par hasard, mais c’était vraiment un coup de foudre, tout suite j’ai trouvé qu’il avait une palette d’arômes de variétés de travail des feuilles qui étaient vraiment fou par rapport à ce que je connaissais de la tradition qui était plus anglaise avec le thé, notamment le thé d’assam. Quand j’ai décidé de créer le thé-ritoires, j’ai voulu aller sur des produits naturels, et sur des produits authentiques et traditionnels chinois, donc on va avoir des thés jaunes, on va avoir des thés bleus, mais toujours en direct de petites plantations et avec un sourcing sur des produits qui n’ont pas été délibérément fabriqués pour les Occidentaux.

Grace : Est-ce que ça a été compliqué pour toi de trouver des fournisseurs et de négocier avec eux ?

Arnaud : Alors trouver le fournisseur, c’est pas le plus compliqué en soi, parce qu’aujourd’hui avec les éléments de communication et des réseaux sociaux qu’on a, quasiment tout le monde, même en Chine, commence à être sur Instagram et sur les réseaux sociaux même si c’est pas ma démarche d’aller choisir mes producteurs de cette façon là. Les trouver, c’est facile, ensuite ce qui est le plus compliqué, c’est s’entendre sur les quantités qu’on va pouvoir acheter. Dans les deux sens, parfois on va nous imposer des trop petites quantités qui sont pas très interessantes pour les importer, parce qu’on est trop vite en rupture. Ensuite il va avoir aussi un problème, des jardins qui vont vouloir vendre la totalité de leur récolte ou des très grosses quantités. Sur certains types de thé, on ne peut pas se permettre de stocker autant. Donc, ça va être le premier problème. Après je pense qu’il y a aussi un problème culturel qu’on n’envisage pas. On n’aborde pas le commerce et l’échange commercial de la même manière en France, en Occident qu’en Chine. C’est ce qui est le plus compliqué, c’est de comprendre le schéma et puis de s’adapter puisque dans l’état d’esprit c’était moi de m’adapter à eux et pas l’inverse. 

C’est la relation la plus saine je pense, c’est toujours de ne pas arriver en conquérant et voilà, moi j’ai la seule chance, c’est que je connais le produit et je le reconnais, ça en fait on ne peut pas l’enlever. Après, je ne peux pas imposer mon schéma de commerce à un producteur, à ses commerciaux. On travaille aussi bien avec toute petite plantation et des plantations un peu plus grandes, quand on a besoin un peu plus grande quantité.

Grace : Comment tu as fait quand tu dois négocier avec les fournisseurs ?

Arnaud : Il y une question très humaine, c’est a dire que, il faut que ça match, il faut que ça passe. Je vais avoir beaucoup de mal à acheter du thé à quelqu’un si j’accroche pas avec la personne. Et pour moi, l’humain est très important et la relation doit être très important, donc c’est la première chose. Après, je vais essayer de faire en sorte de comprendre très vite, le caractère de chacun et puis de voir sur quoi je peux me permettre d’insister ou pas. J’ai fait des erreurs quand on a commencé, j’ai acheté des produits beaucoup trop chers, soit avec des intermédiaires qu’on me garantissait être en direct de jardin par exemple, notamment sur les accessoires, ce sont des accessoires qui ont été faits en famille. J’ai très vite compris qu’on se moquait de moi, il n’a pas fait réaliser sur place dans ces régions là. Comme on dit souvent, c’est en tombant qu’on apprend à marcher, donc on apprend de ses erreurs. J’ai essayé de construire des relations plus viables. Il y a des jardins avec qui j’ai décidé d’arrêter de travailler parce que c’était impossible d’avoir une relation de confiance, et puisqu’ils étaient toujours en train de nous tester, toujours en train d’essayer de pervertir un peu, de ne pas nous envoyer les produits qu’on a commandés, le même produit n’est pas à même grade, ce qui pouvait out changer sur notre charte.

Avec le temps, j’ai quand même la chance d’avoir pu créer les liens assez forts, même s’il faut en permanence de face à face discuter et de se voir, toujours mettre à l’épreuve cette relation mais toujours montrer la relation existe mais qu’on la nourrit.

Grace : Je pense que tes conseils sont utiles pour les gens qui veulent travailler avec les Chinois. Pour toi, quels sont les facteurs clés de succès pour une négociation commerciale avec les Chinois ?

Arnaud : Pour moi, c’est l’honnêteté et ensuite le face à face, et ne pas arriver en terrain conquis en se disant que c’est la Chine, tout n’est pas cher donc j’aurais tout à moitié prix. Il ne faut pas oublier aussi que même si on une image en Occident du made in China très cheap et puis en mode très industrialisé. La Chine, c’est pas que ça, mais aussi beaucoup d’artisans et un grand artisanat d’art. Donc il faut respecter le savoir faire quel qu’il soit. Pour moi c’est le plus important et montrer qu’on respecte et qu’on aime et le produit que peu importe le produit que vous allez acheter, mais que vous aimez vraiment le produit que vous êtes conscients du travail, de l’artisanat s’il s’en est que vous avez face à vous. Si vous respectez la personne, vous respectez le produit, la relation serait beaucoup plus facile.

Apres il  y a toujours des complexités parce que c’est un pays qui est très loin de nous avec des normes différentes des nôtres. On va avoir un schéma d’importation qui est très complexe, qui peut vite tourner au drame et vite demander énormément d’heures de travail. Après il faut se dire que ça nous permet d’avoir un produit de meilleure qualité ou un produit de toute manière on ne trouve pas chez nous.

Grace : Si on veut essayer le thé chinois pour la première fois, quel type de thé que tu aimerais conseiller ?

Arnaud : Si la personne commence de zéro, j’ai envie de lui dire commencer peut-être avec un thé blanc, ça lui permettra d’avoir quelque chose d’assez neutre, surtout commencer avec des thés naturels, pas des thés parfumés aromatiquement. Essayer de privilégier une boutique où il y a peu de boites de thé, moins cent boites de thé, ça vous garantira un sourcing fin de qualité et des produits frais. Ensuite, essayer de repérer si vous êtes dans une boutique de thé qui fait salon de thé, c’est de savoir si on propose le Gong Fu Cha.

Une maison qui se revendiquerait de vendre des très bon thés chinois, qui proposerait de Gong Fu Cha, il y a un problème de messages et d’engagement sur le produit. Gong Fu Cha c’est l’art d’infuser le thé à la chinoise. Souvent on parle de la cérémonie de thé, même si ce n’en est pas vraiment une, c’est une méthode d’infusion et d’extraction. Donc pour moi c’est vraiment le synonyme et le symbole qu’on est dans une maison qui connait le thé chinois.

Pour trouver son livre sur Amazon

Laisser un commentaire

AUJOURD'HUI, J'AIMERAIS...

APPRENDRE

Le cantonais

PARLER

Prononciation, vocabulaire

ECOUTER

Proverbes, littérature

LIRE

Articles, actualités

ECRIRE

Caractères, règles de l’écriture

DÉCOUVRIR

La culture, gastronomie, musique …